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Mballa Elanga Edmond VII-Université de Douala-Dpt. de Sociologie-BP 34 923-Email : elangaseven@yahoo.fr (00237) 677 82 11 90
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Mballa Elanga Edmond VII-Université de Douala-Dpt. de Sociologie-BP 34 923-Email : elangaseven@yahoo.fr (00237) 677 82 11 90
14 septembre 2014

Boko Haram et la thèse de la rébellion.

Quotidien EMMERGENCE N° 340 du Vendredi 05 Septembre 2014


« Attention », à force de creuser, d’approfondir l’analyse, on passe parfois à côté de la réalité. Celle-ci peut aussi être « juste » ce qui est à la surface; ce que nous voyons. Les théories du complot écartent parfois et le plus souvent de la vérité. Le Cameroun peut aussi faire l'objet de terrorisme, comme la Somalie, le Kenya, l'Ouganda, les USA, la Tunisie, etc. Les Camerounais ne sont pas un peuple élu. Apprenons à voir d'abord ce que nous voyons et ensuite s'interroger sur ce qui se cache, peut-être, derrière le rideau. Je trouve certains argumentaires, au sujet de Boko Haram (BH), péremptoires, mieux encore qui ne sont adossés sur aucun fait (des preuves) : Succession du président, luttes fratricides de l’élite politique du grand Nord, positionnement politique, rébellion, etc. Tout est dit et nous sommes plus dans le sensationnel que dans la « science ». Une attaque un lundi soir à Kolofata, le mardi matin les causes et les acteurs sont connus à Yaoundé ou à Douala et les « experts » défilent sur les plateaux des médias pour étaler leurs « connaissances ». Une chose est d’émettre des hypothèses, une autre est de faire des affirmations. Il y a une différence entre la pertinence d’un argument, d’une affirmation et l'objectivité, liée davantage à la démonstration par des faits. Pour un « phénomène » aussi évanescent, flou et récent comme le phénomène BH, je suis surpris des affirmations nettes et catégoriques que les gens en font, sans même avoir été directement au contact avec les faits ou les acteurs clés. Les gens confondent ainsi leurs fantasmes, leurs opinions, leurs points de vue avec la réalité.
Des déclarations du PAN et de Fanny Pigeaud. Vous faite allusion aux déclarations du président de l’AN, qui a dit « qu'il y a des BH parmi nous ». Pourquoi cette déclaration n'a pas été critiquée et analysée en profondeur. Comme c'est curieux de voir comment les Camerounais accordent du crédit à des déclarations des acteurs politiques qu'ils ont longtemps considérés comme des adeptes de la langue de bois. Subitement le PAN est devenu Jésus et ses dires sont des paroles d’évangiles. Cette façon de traiter les informations cache une réalité : elle exprime un état d’angoisse et d’incertitude que partage nombre de Camerounais. Des déclarations comme celles du PAN sont donc du pain bénis pour les commentateurs, devenus pour la plupart et comme par enchantement des stratèges de haut vol. Je n'affirme pas que les analyses de tous ceux qui parlent de rébellion soient fausses, mais elles sont superficielles. Vous faites allusion à aux affirmations de Fanny Pigeaud, pour moi, il n y a rien d’extraordinaire dans ces analyses: c’est du déjà entendu. Ce n’est pas parce qu’elle est une française que ses analyses seraient plus proches de la réalité. Dire que les attaques de l’Extrême nord ne sont pas l’œuvre de BH parce que ce groupe n'a jamais revendiqué ses frappes au Cameroun alors qu'il le fait systématiquement au Nigéria n’est pas un argument suffisant. Tout dépend des objectifs de ce groupe. Et personne, s’il faut être honnête, ne peut les mettre sur la table. Fanny Pigeaud n’a jamais été en contact avec les leaders de BH. Et si c’est une rébellion, celle-ci gagnerait à s’identifier entant que de telle. Pourquoi des acteurs qui veulent conquérir le pouvoir se « cacheraient » derrière BH ? Vont-ils conquérir le pouvoir dans l’anonymat ? En un mot, il ne suffit pas d’affirmer que ce n’est pas BH, que c’est une rébellion, faudrait-il encore le démontrer. Je ne vois aucun argument pertinent dans ses déclarations. Elle parle de l’argent détourné qui servirait au financement de la probable rébellion. Mais ce qu’elle ne dit pas, c’est le montant de cette somme, les circuits financiers, les acteurs, etc. Tout le monde, même un illettré peut dire ce qu’elle dit. Je pense même que son article, qui soit disant en passant associe maladroitement l'éruption d'une « rébellion » contre Paul BIYA à l’emprisonnement de Marafa Hamidou Yaya, est dangereux. Pour moi il s’agit d’une campagne de lynchage médiatique, ni plus ni moins. Son analyse informe davantage sur son « idéologie » et son inimitié de ceux qui gouvernent au Cameroun. Je pense aussi que les Camerounais accordent une importance démesurée à certaines personnalités…Ceci permet donc à des auteurs comme Fanny Pigeaud de continuer à entretenir la psychose. Un être humain, aussi puissant soit-il reste un être humain. 
Au sujet d’une probable déstabilisation de notre pays. Vous parlez d’une possible déstabilisation du Cameroun, je n'en sais rien. Je constate juste que c'est à la mode. Une banque braquée, des enfants enlevés, un décès du haut commis de l'Etat, une attaque armée, etc. on parle de déstabilisation du Cameroun par les forces étrangères. Comme quoi, le Cameroun serait un pays bénis de Dieu qui ne pourrait pas faire l'attaque des forces austères sans que cela ne soit lié à la succession ou à la manipulation. Commençons par nous interroger sur la façon donc nous vivons au quotidien et travaillons pour notre pays avant de parler des autres. Aucune nation ne peut déstabiliser le Cameroun si ses fils et ses filles regardent tous vers la même direction. On mobilise volontiers les exemples de la RCA, de la CI, de la Libye, etc. mais il faut être un aveugle pour ne pas voir que c'est de l’intérieur de ces pays que sont nées les haines qui ont conduit ces pays-là où ils sont ou ont été. Ne nous préoccupons pas des autres, au premier chef, mais de nous-mêmes. Travaillons pour notre pays: justice sociale, rejet de la corruption, du tribalisme institutionnalisé, etc. Je ne vois pas des Camerounais qui prendraient des machettes pour massacrer leurs concitoyens s'ils vivent dans un pays où la justice sociale est le credo. Aucune force extérieure ne déstabilisera le Cameroun, si les Camerounais font ce qu'il y a à faire. Nous sommes devenus les apôtres du bouc-émissaires. Ce qui adviendra au Cameroun, de bien ou de mal, sentira, excuse du peu, l'odeur des Camerounais, pas des français ou des américains.

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